Claudio Dell'Anna et Francesco Giulio Farachi, critique d'art Rome le 15/12/2006 La peinture de Claudio Dell'Anna étonne au premier regard. Ensuite elle nous capture, s'empare de l'imaginaire de celui qui l'observe, domine et stimule les suggestions. Car, il s'agit d'une peinture "habitée". C'est-à-dire, une peinture des personnages et figures, mais aussi une peinture gouvernée par la couleur, par ses traits nets par ses contrastes; et c'est surtout une peinture de sensations, d'émotions violentes et absolues, d'accentuations impies et irréductibles. Tout cela donne un sens de plénitude, comme si dans chaque goutte de peinture habitait un univers, constipé par l'urgence d'une narration. L'occasion pour connaître la force expressive de cet artiste est donnée pas une extraordinaire exposition personnelle que la Galerie Crispi accueillera dans ses locaux, à partir du vendredi 15 décembre et jusqu'au 31. Dell'Anna raconte, donc, ses personnages, décrit une humanité qui est le fruit de visions et perceptions, et qui est pourtant bien réelle, existante, en aucun cas imaginaire. Ce sont plutôt des figurations qui transmettent l'idée d'un ordre différent de la réalité, d'une dimension qui se trouve à peine sous l'épiderme rassurante des apparences, et qui révèle la vraie essence et la vraie consistance des âmes. Et plus que déformée, la vie se montre dénudée, lucidement observée avec esprit de voyeur, comme radiographiée, exposée et démasquée. Les visages et les corps des personnages se détachent nets sur des espaces indéfinissables et envahis de couleurs, ils sont physionomies qui fluctuent suspendues sous des surfaces en fortes teintes électriques et acides. Elles sont le portrait et la représentation de tensions intimes, de visages de l'esprit et de l'âme, miroir d'émotions et de tempéraments. Mais la violente charge expressionniste, la force opprimante et inélégante des contrastes, ne sert pas uniquement à dévoiler le drame existentiel et intérieur, mais définit surtout les milles aspects qu'assume la conscience pour mettre à nu la relation avec le monde, les distorsions auxquelles elle s'oblige pour créer un équilibre funambulesque sur la réalité. Tout cela nous fait penser à Munch ou à Bacon, pas uniquement pour les valeurs de style, mais surtout pour ce rapport avec la réalité externe, qui conditionne l'angoisse de l'existence, qui entaille, ronge et modifie traits et postures, sans aucun intérêt pour les causes et les origines, mais obsessionnellement et lucidement concentré sur effets et conséquences, sur l'impossibilité de désormais dominer les résultats.